Texte de Anne-Frédérque Rochat
La pièce « La
Marina » raconte l’histoire d’une famille qui se révèle à travers une
étrange découverte échouée sur le rivage. Un soir d’insomnie, Mère et Père
partent se promener sur le port et c’est alors qu’ils rencontrent la Marina, pas un lieu mais une
entité à part entière, et décident de « la » ramener chez eux. Qui
est ce « la » n’est pas l’important. Mais plutôt de voir ce que cela
va dévoiler chez ceux qui la côtoient. En effet, La Marina suscite chez qui la
rencontre une fascination sans bornes, une soumission absolue. Tel un
révélateur de nos plus sombres pensées, cette Marina va mettre à rude épreuve
cette famille. Mère et Père sont conquis tandis que Sœur et Frère tentent de ne
pas succomber à ses charmes obsédants. Après une compétition effrénée pour
savoir qui pourra gagner les faveurs de la Marina, seule Sœur réussira à
s’extraire de cette boîte de Pandore, mais au prix d’un sacrifice…
Avec ce texte, Anne-Frédérique
Rochat propose une réflexion non
seulement sur la famille mais également sur notre identité et la place qu’on y
accorde. En faisant mariner ses personnages dans ce huis clos, elle réussit à
en faire sortir toutes les saveurs acariâtres. Le rôle de la hiérarchie
familiale est bouleversé et l’on s’interroge sur la légitimité du père et de la
mère. La responsabilité de l’éducation.
Avec un humour grinçant, on
découvre un univers perverti par la jalousie, la compétition, le besoin de
reconnaissance, l’égoïsme,… qui, à y regarder de plus près, a d’étranges
similitudes avec le nôtre.
En fine observatrice des
petits riens du quotidien, l’auteure creuse les failles de ses personnages et
nous livre une fresque absurde mais touchante. Le portrait d’une famille
décalée qui, parce qu’elle refuse de se regarder en face, se perd dans une
quête solitaire et nombriliste.
Le désir de posséder prend
le dessus sur l’essentiel : quel étrange écho du monde dans lequel nous vivons où le nouveau dieu s’appelle Consommation
et où nos vies sont vouées aux crédits…
Jeu
Anne-Frédérique Rochat
Carine Barbey
Joel Maillard
Pierre Spuhler
Lumières Jérôme Bueche
Costumes Tania D'Ambrigio
Maquillages Nathalie Mouchnino
Mise en scène Olivier Périat
Construction décors Gazus
Administration Claudine Corbaz